Située au nord-ouest de l’Iran, l’Azerbaïdjan, région montagneuse comptant des vallées très fertiles, est réputé mondialement pour l’élevage de moutons qui produisent une laine solide et de qualité. Il suffit de les admirer pour comprendre l’origine de ses tapis. Des petits villages, disséminés dans les plaines immenses, sont coupés du monde pendant six mois. Les étendues de pâturages à perte de vue sont propices à l’élevage du mouton et donc de la laine. L’hivernage sera mis au profit pour créer les beaux tapis locaux aux nouages denses, au poil haut et épais qui donnent naissance à une symphonie et profusion de dessins géométriques.
Comme ailleurs en Iran, on y distingue deux styles différents de tapis :
Centre commercial important depuis le IXe siècle, Tabriz, ville prospère, est reconnue dès le XVe siècle pour ses tapis artisanaux aux styles multiples. La production locale s’est inspirée et s’est approprié des motifs d’autres régions : le médaillon des kirmans, les écoinçons des machads et la bordure des kachans.
Les dessins usuels de Tabriz :
Eloignée géographiquement des grands centres commerciaux, Hériz et ses environs, enclavés en raison d’un réseau de communication sommaire, ont pu préserver l’authenticité et la fraîcheur des dessins et des couleurs. La production s’étend aux villes de Goravan, Bakhshayesh, Mehraban, Gharatche et Sarab. Hériz se distingue par ses nombreux motifs et ses couleurs. Les productions du XIXe illustrent à merveille le mot œuvre d’art ; les pièces en soie ne sont à la portée que de rares privilégiés.
Références et inspiration
Les productions modernes de facture plus rude et aux couleurs plus vives adoptent souvent le nœud turc. La chaîne et la trame faites de coton donnent des tapis solides.
Une laine rude et épaisse implique un nombre de nœuds qui oscillent entre 6000 et 10000 au mètre carré. Certaines pièces plus fines peuvent atteindre de 100000 à 150000 nœuds au mètre carré. Les colorants chimiques souvent utilisés laissent place à une nouvelle tendance : les colorants végétaux.
Le dessin est habituellement géométrique avec des lignes verticales, horizontales et obliques. Ces dernières se brisent pour adopter la forme d’un escalier. Quant au champ, il est formé d’un grand médaillon central et de quatre écoinçons. La tradition veut que les noueurs laissent un poil plus haut, rendant une laine haute et épaisse, agréable et confortable au toucher du pied.
Le Hériz se caractérise par une belle longévité, souvent à un prix inférieur au tapis mécanique.
Le Bachchayech est spécialisé dans la confection de couloirs. Les couleurs de prédilection : bleu, rouge, chamois et le rouge brique. Procurant ainsi une beauté particulière à ces tapis. Le motif du style Hériz est le grand médaillon et le style floral. Quant à la laine de la région de Bachchayech, d’une grande résistance et d’une brillance propre, elle a contribué grandement à la réputation des Gorovan. Leurs médaillons imposants, afin de sauver l’équilibre du motif, peuvent s’étendre jusqu’au milieu de la bordure.
Les artisans de Ahar et de ses environs, se sont largement inspirés du style Hériz, mais sans le copier, comme le font de nombreux autres villages. Ils privilégient les couleurs foncées, un nouage plus dense et de qualité. Ils sont renommés pour leur résistance. Des motifs moins géométriques inclinent vers forme feuillue, très stylisée. La bordure leur est propre se différenciant de celle de Hériz.
Réputé pour ses couloirs à nouage très dense ; le fond de ces derniers et des tapis est généralement rouge-garance et la bordure bleue foncée. S’inspirant du hériz, le dessin est généralement constitué de trois formes géométriques : au centre un hexagone entouré du motif « chien assis » et de chaque côté une forme géométrique allongée identique. Dans les pièces de grandes dimensions ce motif peut se répéter.
Le nom d’Ardabil est associé au célèbre tapis datant de 1539 qui recouvrait le tombeau du Shah Ismaïl, fondateur de la dynastie des Séfévides. Cette pièce remarquable se trouve au muséum Victoria et Albert de Londres.
La production actuelle a perdu son lustre d’antan laissant place à un style répétitif dépourvu d’identité.
La plupart des motifs aux formes géométriques sont des copies conformes des Caucase ou des copies de dessin «mahi ». On peut noter certaines productions originales, mais rares, composées de figures humaines ou d’animaux entourés de décoration florale.
Si les motifs du champ des Ardabil ont des similitudes avec les tapis du Caucase, les bordures sont nettement plus complexes tandis que les couleurs utilisées sont plus claires et plus vives.
Située entre Tabriz et Ardabil, la ville de Sarab s’est spécialisée dans les tapis de grande dimension à motif « Mahi » emprunté au dessin Bidjar.
Une production de type industrielle a induit des différences flagrantes dans les prix.
Un tapis à motif mahi noué à Tabriz peut valoir de deux à quatre fois plus qu’un tapis venant de Sarab dont la qualité et la densité diffèrent. Un tapis original a une plus grande valeur.
A l’instar des œuvres d’art, les tapis connaissent des influences et les styles évoluent aussi au gré des inspirations des artisans. La maison Sauvage ne propose pas uniquement des pièces de type classique mais aussi des réalisations contemporaines minimalistes, ethniques, figuratives ou abstraites. Une large palette de tons s’offre aux amateurs de pièces originales.
Cette gamme abordable est d’une facture traditionnelle, donc réalisée dans les règles de la tradition, avec des matières de premier de choix et non dans des manufactures modernes où la quantité prime sur la qualité et l’exclusivité. La zone de tissage rayonne depuis l’Afghanistan jusqu’aux pays avoisinants